Bou Saâda… !
« Bou-Saada, la reine fauve vêtue de ses jardins obscurs et gardée par ses collines violettes, dort, voluptueuse, au bord escarpé de l’oued où l’eau bruisse sur les cailloux blancs et roses. Penchés comme en une nonchalance de rêve sur les petits murs terreux, les amandiers pleurent leurs larmes blanches sous la caresse du vent… Leur parfum doux plane dans la tiédeur molle de l’air, évoquant une mélancolie charmante… » Isabelle Eberhardt, Pleurs d’amandiers (1903).
Pas tout à fait Saharienne et appartenant encore aux Hauts Plateaux, Bou-Saâda est une oasis » du bonheur » comme le suggère son nom et comme l’affirment ceux qui l’ont découverte au XIXe siècle, tels que Nasr EddineDinet, peintre orientaliste qui choisit d’y vivre et d’y mourir (en 1929), inspiré par la ville, puis par le mysticisme….
Sur le toit de la plus ancienne mosquée de Bou Saâda, sise au cœur même de l’ancienne médina, ou plutôt de ce qu’il en reste, la vue est panoramique.
On peut balayer du regard l’ancienne oasis qui n’en finit plus de s’étendre du fameux djebel Kerdada au sud aux montagnes ocres de Azzedine au nord. Au pied des montagnes qui l’enserrent comme un écrin minéral qui l’empêchent de grandir, la ville décrit un demi-cercle qui cherche vainement à se fermer. La vue est belle, mais elle renseigne à quel point le béton a aussi envahi l’ancienne «oasis du bonheur»….
«Ses paysages aussi envoûtants que variés : palmeraie foisonnante émergée du désert, médina étagée, montagnes imposantes au nord, à l’ouest et au sud, sa lumière : quasiment du lever au coucher du soleil, douze mois sur douze, ses traditions locales, l’orgie de couleurs de sa palmeraie, font que Bou Saâda s’offre comme le cadre rêvé de l’artiste peintre», Youssef Nacib dans Cultures Oasienns oes.
Le Sahara possédait des portes, l’une depréférées serait à coup sûr Bou-Saâda. Mythique station de tourisme, plus proche oasis d’Alger, cette coquette cité, fondée, dit-on, au XVIe siècle, est assurément une halte initiatique avant le grand choc du désert. Aujourd’hui chef-lieu de daïra,l’«oasis du bonheur» s’est agrandie, notamment au Sud et à l’Est. Mais on pourra y retrouver tous les éléments qui font son charme d’antan : sa médina, sa place, ses nombreux artisans, les orfèvres fabriquant le « bou-saâdi », le fameux poignard traditionnel, son marché bi-hebdomadaire bruyant et coloré, ses mosquées… Et, surtout, le long de l’oued qui alimente la ville, le ksar ancestral et l’oasis, magnifique au lever du soleil. Petite curiosité et miracle de fraîcheur, une série de petites cascades en amont de l’oued.
Oasis et ksours
Des palmiers, un oued, une ville… L’oasis. Dans toute oasis, certaines images se retrouvent et, d’un bout à l’autre du Nord Sahara, se déroulent pratiquement les mêmes scènes et types. Et pourtant il n’y a pas deux oasis semblables. Non seulement le décor – montagnes, dunes ou gorges – est propre à chaque site, mais la couleur du sol, l’architecture des maisons, les souvenirs historiques, les procédés d’irrigation, les habitudes économiques, les transformations dues à l’avion, à la route, aux hydrocarbures sont des facteurs contribuant à définir pour chaque oasis une personnalité propre.
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